Veille santé Guyane, du 31 janvier au 6 février : Coqueluche / Cancers / Traumatisme racial

Veille hebdo

Veille Santé : 

Veille hebdomadaire de l’ORSG-CTPS sur la Santé en Guyane. 

Prévention des cancers du sein, du col de l’utérus et du cancer colorectal : état des lieux en France 

Contexte :

« Le cancer du col de l’utérus (CCU) reste un problème de santé publique majeur en France, avec environ 3 100 nouveaux cas et 1 100 décès annuels. Ce cancer, lié au papillomavirus humain (HPV), est évitable grâce à la vaccination anti-HPV et au dépistage. La vaccination HPV, recommandée et remboursée depuis 2007 pour les adolescentes, et étendue aux garçons en 2021, est une mesure de prévention primaire essentielle.   

En complément, le dépistage régulier est recommandé pour les femmes de 25 à 65 ans dans le cadre du Programme national de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus (PNDOCCU), instauré en 2018. 

En 2023, la couverture vaccinale (CV) contre les HPV était estimée à 54,6 % pour au moins une dose chez les filles de 15 ans et à 44,7 % pour deux doses chez celles de 16 ans. Bien que ces chiffres soient en hausse depuis plusieurs années, des disparités territoriales importantes subsistent, notamment dans le Sud de la France et dans les départements et régions d’outre-mer (DROM).   

Pour le dépistage, le taux de couverture triennal a atteint 59,5 % entre 2020 et 2022, en augmentation par rapport aux périodes précédentes, mais restant en deçà des objectifs fixés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (70 % des femmes dépistées à 35 et 45 ans) et du taux de couverture européen acceptable (75 %).   

Il est nécessaire de poursuivre les efforts pour réduire ces inégalités et assurer une prévention équitable du CCU à l’échelle nationale. Le déploiement des programmes de vaccination HPV en milieu scolaire et du dépistage organisé du CCU représentent des opportunités pour mettre en œuvre des actions ciblées visant à réduire ces inégalités. 

Méthode 

La couverture vaccinale (CV) contre les HPV est estimée annuellement chez les filles âgées de 15 ans et de 16 ans par Santé publique France, à partir des données du Système national des données de santé (SNDS) 1,11.   

Les indicateurs calculés en routine sont la couverture vaccinale pour au moins une dose à l’âge de 15 ans et la couverture pour deux doses à l’âge de 16 ans.   

Ces données sont publiées chaque année sur le site de Santé publique France lors de la semaine de la vaccination… 

Résultats 

En 2023, la CV contre les HPV était estimée à 54,6 % pour au moins une dose chez les filles âgées de 15 ans, et à 44,7 % pour les deux doses chez les filles âgées de 16 ans.   

La CV (pour au moins une dose) à l’âge de 15 ans a augmenté de 6,8 points en comparaison à la couverture vaccinale estimée en 2022, et de 8,8 points en comparaison à celle estimée en 2021 (des jeunes filles de 15 ans en 2021)… »

Source : Santé Publique France (publié le 04/02/2025)


Campagne de vaccination contre la coqueluche auprès des professionnels de santé et validité du rappel des événements indésirables antérieurs suivant la vaccination 

Contexte 

« Pour minimiser la transmission de Bordetella pertussis, les professionnels de santé doivent être régulièrement vaccinés contre la coqueluche, par exemple tous les 10 ans. Par conséquent, la précédente campagne de vaccination de 2012/2013 dans notre hôpital a été répétée en 2023. Nous décrivons ici nos conclusions de la campagne et une étude imbriquée sur la fiabilité du rappel des événements indésirables (EI) après 10 ans.  

Méthodes 

Il s’agissait d’une étude observationnelle prospective incluant tous les professionnels de santé en contact avec les patients. Ceux dont la dernière vaccination contre la coqueluche remontait à ≥ 10 ans ou à une date inconnue se sont vu proposer une dose de rappel du vaccin Tdap (Adacel®) ou Tdap-IPV (Adacel-Polio®) et ont été invités à signaler la réactogénicité dans les sept jours suivant la vaccination. Les professionnels de santé qui avaient participé à la campagne 2012/2013 ont été invités à signaler leur tolérance au vaccin à l’époque. 

Résultats 

Sur 916 professionnels de santé admissibles, 705 (77,0 %) ont répondu et 191 (27,1 %) d’entre eux n’étaient pas à jour de leur statut vaccinal. Parmi eux, 150 (78,5 %) plus 6 qui étaient toujours à jour ont été vaccinés (Tdap-IPV : N = 91, 58,3 %, Tdap : N = 65 ; 41,7 %). Après la campagne de vaccination, 684 (74,7 %) de tous les professionnels de santé admissibles étaient à jour de leur statut vaccinal contre la coqueluche, dont 63,4 % des infirmières et 76,9 % des médecins. Les événements indésirables les plus fréquents chez 133 (88,1 %) professionnels de santé étaient la douleur (66,7 %, jour deux), l’enflure (27,3 %, jour deux) et l’épuisement (21,5 %, jour deux). Parmi les 52 professionnels de santé vaccinés lors des deux campagnes, 13 ont présenté ≥ 1 EI documenté en 2012/2013, dont un seul se souvenait que la vaccination n’avait pas été bien tolérée à l’époque (Kappa de Cohen −0,04 pour EI, −0,11 pour gonflement, −0,03 pour rougeur et 0 pour fièvre).  

Conclusion  

La campagne a obtenu un statut vaccinal à jour contre la coqueluche chez la majorité des professionnels de santé. Cependant, la vaccination de tous les professionnels de santé éligibles reste difficile en l’absence de vaccination obligatoire. Le rappel des effets indésirables antérieurs après la vaccination était médiocre. » 

Source : ScienceDirect (publié le 05/02/2025) 


Traumatisme racial et santé mentale : le rôle adaptatif de la flexibilité psychologique chez les jeunes adultes noirs 

Contexte :

« Bien que des travaux récents aient mis en évidence la relation entre le traumatisme racial et les séquelles néfastes sur la santé mentale spécifiquement chez les Noirs américains, les mécanismes potentiels sous-jacents à ces associations restent relativement inconnus.

Méthode :

La présente étude a examiné la flexibilité psychologique en tant que médiateur de l’association entre le traumatisme racial et les symptômes de dépression, d’idées suicidaires et d’anxiété. Un échantillon de 417 jeunes adultes noirs âgés de 18 à 29 ans (53,5 % d’hommes ; âge M = 24,7, écart-type = 2,5) a été recruté dans une université publique du sud-ouest et sur les réseaux sociaux pour répondre à une enquête d’auto-évaluation en ligne.

Résultats :

Les analyses de modélisation par équation structurelle (SEM) ont révélé des effets indirects significatifs du traumatisme racial sur l’augmentation des symptômes de dépression, d’anxiété et d’idées suicidaires via des niveaux inférieurs de flexibilité psychologique. Cette étude a démontré un lien entre le traumatisme racial et les symptômes dépressifs, l’anxiété et les idées suicidaires, fournissant des preuves supplémentaires du fardeau psychologique important du traumatisme racial. En outre, les résultats de l’étude suggèrent que la flexibilité psychologique est une cible d’intervention clé qui peut réduire l’impact négatif du stress traumatique lié à la race pour les jeunes adultes noirs. 

Conclusion :

Dans l’ensemble, la présente recherche s’ajoute à la littérature émergente et suggère que la flexibilité psychologique pourrait être un facteur déterminant dans l’association entre le traumatisme racial et la détresse psychologique. Ces résultats apportent des preuves supplémentaires du fardeau psychologique important du traumatisme racial et suggèrent que la flexibilité psychologique est une cible d’intervention clé qui peut réduire l’impact négatif du stress traumatique lié à la race chez les jeunes adultes noirs. » 

Source : ScienceDirect (publié le 06/02/2025) 


Critères diagnostiques de la dysplasie épithéliale buccale : prédiction de la transformation maligne 

Contexte :

« En 2022, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a proposé de nouveaux critères pour le diagnostic de la dysplasie épithéliale orale (DEO), mais leur association avec l’évolution du patient est encore inconnue. Cette étude a comparé les différents systèmes de classification de la DEO et évalué leur efficacité pour prédire la transformation maligne.

Méthodes :

Un total de 195 lames de leucoplasie et d’érythroplasie ont été classées selon la classification de l’OMS 2017, 2022 et le système binaire, et ont été corrélées avec l’évolution de la lésion.

Résultats :

Une augmentation progressive de la transformation maligne en fonction de la gravité de l’OED, avec les systèmes de classification de l’OMS et binaire, a été détectée. Parmi les critères individuels, les changements de morphologie cellulaire étaient indépendamment associés à un risque accru de transformation maligne (HR = 2,8, IC à 95 % 1,1-7,5, p = 0,032). Compte tenu du nouvel ensemble de critères OED publiés en 2022, il a été détecté qu’un nouveau seuil de 4 altérations architecturales et de 6 altérations cytologiques prédit une meilleure transformation maligne.

Conclusion :

La transformation maligne a été également prédite par les systèmes de classification de l’OED. En raison du nombre accru de caractéristiques architecturales et cytologiques dans la classification OMS 2022, un nouveau seuil de classification de l’OED de bas à haut grade prenant en compte 4 altérations architecturales et 6 altérations cytologiques est proposé. Les résultats permettent une évaluation plus précise du risque de transformation maligne dans l’OED. » 

Source : PubMed (publié le 06/02/2025)


Diabète sucré gestationnel et streptocoques du groupe B dans les urines 

Contexte :  

Nous avons émis l’hypothèse que le diabète sucré gestationnel (DSG) augmente le risque de colonisation urinaire par le streptocoque du groupe B (SGBU) pendant la grossesse. L’objectif principal de cette étude était de comparer l’incidence du DSG entre les femmes enceintes atteintes de SGBU et celles qui n’en souffrent pas.  

Méthodes : 

Sur une population de 34 285 grossesses simples consécutives, nous avons inclus les 6 014 femmes testées pour le SGB embryonnaire. Parmi celles-ci, 249 étaient positives au SGB embryonnaire et les 5 765 restantes étaient négatives au SGB embryonnaire. Le statut GDM et les critères secondaires ont été enregistrés de manière prospective et l’analyse a inclus le diabète prégestationnel, l’âge, la parité, l’IMC, le tabagisme et la cystite pendant la grossesse comme facteurs de confusion.  

Résultats : 

L’incidence du GDM était de 9,2 % (23 sur 249) parmi les femmes uGBS-positives et de 4,1 % (236 sur 5 520) parmi les femmes uGBS-négatives, ce qui donne un rapport de cotes (RC) de 2,4 (IC à 95 % : 1,5-3,7) et un RC ajusté de 2,2 (IC à 95 % : 1,4-3,6).

Conclusion :

Le diabète gestationnel (DG) peut être un facteur de risque à prendre en compte dans les programmes de dépistage fondés sur le risque visant à prévenir l’apparition précoce de la maladie à SGB. » 

Source : ScienceDirect (publié le 06/02/2025)


L’Inégalité de prise en charge de l’infarctus du myocarde chez les femmes en France 

Contexte :

“Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde. Des registres nationaux ont démontré une inégalité dans la prise en charge de l’infarctus du myocarde chez la femme entrainant une surmortalité. L’objectif de ce rapport est de sensibiliser la population et l’ensemble des acteurs de santé à cette problématique cruciale et de formuler 4 recommandations concrètes pour améliorer la prévention, le diagnostic, la gestion et surtout le pronostic de cette maladie chez la femme. 

Méthodologie de l’étude :

La réalisation de ce rapport repose sur une méthodologie visant à rassembler des informations précises et à éclairer les questions liées à l’inégalité de prise en charge de l’infarctus du myocarde chez les femmes. 

Recommandations :

Comprendre les particularités anatomiques, les causes spécifiques, la sensibilité accrue aux facteurs de risque et l’impact sociétal est essentiel pour mieux cibler les efforts de prévention, de diagnostic précoce et de traitement de l’infarctus chez les femmes en France. Une prise de conscience accrue et une intégration efficace de ces éléments dans les protocoles de soins sont essentielles pour réduire l’inégalité de prise en charge de cette maladie cardiaque, première cause de mortalité chez les femmes.  

Il est fondamental de développer une recherche spécifique aux femmes dans ce domaine. Ce constat est identique dans les autres pays selon les experts interrogés sur la base des éléments examinés dans ce rapport, nous formulons les recommandations suivantes pour améliorer la prise en charge de l’infarctus chez les femmes en France : 

  1. Sensibilisation et formation : Mettre en place des programmes de sensibilisation et de formation pour les professionnels de santé notamment au niveau des services d’accueil des urgences et du SAMU afin de mieux reconnaître et comprendre les particularités de l’infarctus chez les femmes, en mettant l’accent sur la description différente des symptômes par les femmes et la recherche des facteurs de risque spécifiques.
  2. Protocoles de soins : Élaborer des protocoles de soins qui tiennent compte des particularités anatomiques et des causes spécifiques de l’infarctus chez les femmes, et améliorer les techniques de prise en charge diagnostiques et thérapeutiques. Sensibiliser les professionnels de santé aux différences de genre dans les besoins et les réponses aux traitements. Améliorer l’accès à une rééducation cardiaque mieux adaptée aux femmes.
  3. Sensibilisation du public : Lancer des campagnes de sensibilisation du public visant à éduquer les femmes sur les facteurs de risque cardiovasculaire classiques et spécifiques et les symptômes de l’infarctus, et changer la perception de cette maladie comme étant principalement masculine. Il est important devant toute douleur thoracique d’appeler le 15 et non d’aller aux urgences ou d’appeler son médecin. 
  4. Surveillance et recherche : Promouvoir la surveillance continue des tendances de l’infarctus chez les femmes, en accordant une attention particulière aux femmes jeunes non ménopausées, et soutenir la recherche visant à mieux comprendre les facteurs émergents de risque cardiovasculaire. Réaliser des études cardiovasculaires dédiées aux femmes dans le domaine diagnostic et thérapeutique. » 

Source : Académie Nationale de Médecine (publié le 06/02/2025)