Dossier documentaire – Suicide (mise à jour 2022)
L’Organisation Mondiale de la Santé dénombre près de 700 000 suicides dans le monde chaque année. En 2019, le suicide constituait la quatrième cause de mortalité chez les 15-29 ans au niveau mondial et 77% des suicides sont survenus dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.
Des taux de suicide élevés ont été mis en exergue au sein des groupes vulnérables confrontés à la discrimination : migrants, réfugiés, populations autochtones, communauté Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres (LGBT) ou encore les détenus.
Le lien entre suicide et troubles mentaux (dépression et troubles liés à la consommation d’alcool) est particulièrement bien établi dans les pays à revenu élevé. Cependant, de nombreux suicides se produisent de manière impulsive au cours d’un moment de crise engendré par une défaillance d’aptitude à surmonter les stress de la vie, tels que les problèmes financiers, affectifs, une maladie ou une douleur chronique. Également, on constate que les conflits, les catastrophes, la violence, la maltraitance ou un deuil et un sentiment d’isolement sont fortement associés au comportement suicidaire. (Source : OMS, repères suicide, URL : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/suicide)
La France, avec environ 9 000 décès par suicide par an, se positionne dans les taux de suicide les plus élevés d’Europe. En 2017, Près de 5% des 18-75 ans déclaraient avoir pensé à se suicider au cours des 12 derniers mois et plus de 7% déclaraient avoir fait une tentative de suicide (TS) au cours de la vie. On observe plusieurs facteurs associés aux comportements suicidaires :
- avoir eu un épisode dépressif,
- avoir à faire face à des situations financières difficiles,
- le fait d’être célibataire, divorcé ou veuf,
- l’inactivité professionnelle,
- l’exposition aux violences ainsi que les évènements traumatisants dans l’enfance.
L’enquête ESCAPAD menée par l’Office Français des Drogues et Toxicomanies (OFDT) et Santé Publique France, a mis en lumière la situation préoccupante des jeunes filles âgées de 15 à 19 ans. C’est en effet dans cette population qu’on constate le taux le plus élevé de TS observé quelle que soit l’année. Chez les jeunes, on estime que les usages de substances psychoactives, le décrochage scolaire et les symptômes dépressifs constitueraient des indicateurs fiables pour le repérage des adolescents à risque accru de conduites suicidaires. L’identification des personnes vulnérables et à haut risque est une étape clé de la réussite d’une politique de prévention du suicide, au même titre que le repérage et la prise en charge de la dépression, le maintien du lien avec les personnes ayant fait une TS. (Source : Santé Publique France Février 2019. URL : https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2019/suicide-et-tentative-de-suicides-donnees-nationales-et-regionales)
D’après les chiffres de l’Observatoire National du Suicide (ONS) sur l’année 2012, en Guyane :
- 19 décès par suicide ont été observés, soit un taux brut de mortalité par suicide de 7,8 pour 100 000 habitants.
- La mortalité par suicide en Guyane était alors de 33 % inférieure au taux national,
- Elle touchait essentiellement des jeunes,
- Elle était 8,5 fois plus importante chez les hommes que chez les femmes.
Par ailleurs, l’ONS mentionne qu’à contrario des données disponibles sur le suicide en métropole, une sous-déclaration des suicides en Guyane est estimée à 9,4 % sans qu’aucune étude ne vienne évaluer plus précisément cette sous-déclaration.
Les 9 et 10 décembre 2003, l’Observatoire Régional de la Santé en Guyane (ORSG) organisait un colloque international sur « les Suicides et Tentatives de Suicide en Guyane ». Cet exercice a été l’occasion de croiser les regards des spécialistes pour tenter de saisir la complexité de ce phénomène en adoptant une approche de type communautaire (Brésilienne, Haïtienne, Surinamaise, Bushinengué, Créole, Amérindienne, Métropolitaine) déclinée selon les axes de représentation, prévention et prise en charge. On déplorait déjà, pour les communautés des populations autochtones du littoral, une dizaine de suicides au début des années 2000 et des témoignages directs mentionnaient 20 cas de suicide pour des personnes de 11 ans jusqu’à 55 ans et de 25 tentatives de suicide. A l’issue de ce colloque, un groupe (professionnels de santé, mères de famille, stagiaires, religieux, associations…) s’est formé et a décidé de proposer un ensemble d’actions dans un livret intitulé « Suicide : nous sommes tous concernés, Brisons le Tabou – Propositions d’actions d’un ensemble d’individualités ». Les propositions reposent sur 5 domaines : partenariats, observation, prévention, prise en charge et formation.
Plus récemment et selon les données de l’ARS Guyane, sur la période 2013-2015, le taux de suicide était aussi inférieur à celui de la France entière : 7,4 contre 13,7 /100 000 habitants. Cependant, le taux de suicide chez les populations autochtones était 8 à 10 fois supérieur à la moyenne régionale sur la même période, atteignant 172 suicides pour 100 000 habitants dans les villages de Camopi et de Trois Sauts.
En effet, depuis le début des années 2000, la Guyane connaît une vague de suicides parmi les jeunes issus des 6 peuples autochtones qui vivent sur ce territoire et qui rassemblent environ 10 000 personnes.
Face à ce phénomène dramatique, les autorités préfectorales et sanitaires de la région ont mis en place un « plan suicide » en 2011 mais dont les résultats se sont révélés peu probants. En réponse à cette situation alarmante qui perdure, le Premier Ministre a nommé deux parlementaires, Mme Aline Archimbaud sénatrice de la Seine Saint-Denis et Mme Marie-Anne Chapdelaine, députée d’Ille-et-Vilaine, en mission auprès de la Ministre des Outre-mer en 2015. Cette mission a mis en relief plusieurs facteurs intervenant dans cette recrudescence de suicides : isolement géographique, désœuvrement et absence de perspectives, raisons économiques et sociales, causes sanitaires, intrafamiliales, identitaires et culturelles. Un rapport présentant 37 mesures pour « enrayer ces drames » a résulté de cette mission et a été déposé auprès du gouvernement. (Source : Rapport de mission Archimbaud : https://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/154000882.pdf)
Politiques publiques
Schéma Régional de Santé (2018-2022) – Agence Régionale de Santé Guyane
Avis et recommandations
Dépression de l’adolescent : comment repérer et prendre en charge ? – Décembre 2014 – Haute Autorité de Santé (HAS)
Publications
Suicide : principaux faits – Juin 2021 – Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Bulletin de santé publique conduites suicidaires en Guyane – Décembre 2020 – Santé Publique France
Suicide et tentatives de suicide : données nationales et régionales – 2019 – Santé Publique France
Grands Dossier : Suicide et soins – Avril 2017 – Revue Soins & La revue de l’infirmière
Données épidémiologiques sur les décès par suicide – 2015 – Cepidc Inserm
Suicide des personnes écrouées en France : évolution et facteurs de risque – 2014 – INED
Baromètre santé DOM 2014 : Volet Santé mentale – 2017 – Santé publique France
Prévention
Prévention du suicide : l’état d’urgence mondial 2014 – Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Bibliographie
Suicide et travail – Décembre 2016 – n°213 – Réseau ASCODOCPSY