Dossier documentaire – bruit et déficience auditive
Contexte
Le bruit constitue une nuisance fréquente dans la vie quotidienne des Français : 86% d’entre-eux se déclarent gênés par le bruit à leur domicile.
Au-delà de la simple gêne, l’excès de bruit génère un impact sur la santé : des effets auditifs pouvant aller jusqu’à la surdité et à des effets extra-auditifs comme le stress sont observés. [ministère de la Santé]
Définition
Défini par l’Académie française comme un « son ou ensemble de sons qui se produit en dehors de toute harmonie régulière », le bruit est un phénomène physique (un son), associé à une perception négative par l’individu qui, elle, n’est pas directement mesurable. La musique de l’un étant souvent le bruit de son voisin, chaque personne possède sa propre perception du bruit qui dépend de composants multiples : contextuels, personnels et culturels. [Anses]
D’une manière plus générale, on parle de bruit pour désigner un son qui nous dérange, nous déplaît ou nous agresse. Comme tout phénomène vibratoire, le bruit se caractérise par : son intensité, sa fréquence et sa durée.
Impact sur le système auditif
Les conséquences fonctionnelles d’une exposition excessive au bruit de l’appareil auditif (dépassement d’un niveau équivalent de 80 dB(A) sur 8 heures) vont de la « fatigue auditive » réversible à la perte auditive qui, elle, est définitive.
« Dans la vie quotidienne, l’exposition à des sons intenses de type musique amplifiée, explosions, tirs, sports motorisés, même sur des courtes durées, peut provoquer des traumatismes sonores aigus (TSA).
Ces derniers se manifestent sous différentes formes : perte auditive passagère ou définitive, acouphènes (bourdonnements ou sifflements ressentis dans l’oreille ou la tête sans aucun stimulus sonore extérieur) ou encore hyperacousie (seuil de tolérance au bruit anormalement bas, les sons étant ressentis à des niveaux bien supérieurs à ce qu’ils sont). Lors de telles expositions, le port de protections auditives est vivement recommandé. » [Observatoire du bruit]
La fatigue auditive
À la suite d’une exposition à un bruit intense de manière répétée, la « fatigue auditive » peut survenir. Elle se caractérise par une perte temporaire de l’audition : les oreilles sifflent, il est nécessaire à l’auditeur de faire répéter certains mots.
« A la sortie d’un concert ou d’une soirée en discothèque, la sensation d’oreille « cotonneuse », l’impression d’entendre moins bien sont les premiers signes de la fatigue auditive. Elle peut être temporaire, nous retrouvons une audition normale après un moment au calme, mais elle peut également se traduire par une perte auditive définitive et irréversible. » [Observatoire du bruit]
Les acouphènes
L’impact des acouphènes varie en fonction de la personne : « de la gêne passagère à la nuisance permanente affectant la qualité de vie : difficultés d’endormissement, de concentration, anxiété pouvant mener à un état dépressif. »
L’hyperacousie
L’hyperacousie se caractérise par une perception des sons bien supérieure à la normale. Pouvant se révéler socialement handicapante, cette pathologie touche de plus en plus de personnes dans nos sociétés toujours plus bruyantes. La personne qui en souffre est contrainte de se protéger des environnements bruyants voire de les éviter. Il n’existe pour l’instant aucun traitement ni aucune thérapie véritablement pour cette maladie souvent mal comprise par l’entourage. »[Observatoire du bruit]
« L’hyperacousie sévère est une des pathologies les plus handicapantes qu’il soit. Le malade ne peut plus sortir de chez lui, il est contraint de vivre dans un environnement sonore modéré et ne peut généralement plus avoir de vie sociale normale. » [Observatoire du bruit]
Effets non auditifs du bruit
Au-delà de la gêne sonore ressentie, difficilement mesurable, mais venant impacter le quotidien et entraînant irritation soudaine, fatigue, épuisement et souffrances psychophysiologiques, il existe des effets qui peuvent être appréciés selon différents critères applicables à l’ensemble des individus.
Sur le sommeil
Le bruit peut aussi bien modifier la durée du sommeil que sa qualité : difficulté à l’endormissement, augmentation du nombre et de la durée des éveils nocturnes conscients ou inconscients, réduction de la durée totale du sommeil. [Observatoire du bruit]
Sur l’accroissement du Sstress et du risque de maladies cardiovasculaires
Les nuisances sonores peuvent être causes de stress physiologique entrainant une importante libération d’hormones telles que le cortisol ou les catécholamines (adrénaline, dopamine) ainsi que d’acides gras libres. Ces éléments libérés en quantité excessive provoquent l’hypertension artérielle et accentuent le risque d’infarctus du myocarde, ainsi que des altérations du métabolisme pouvant amener des risques accrus de diabète de type 2 et d’obésité. « Les études épidémiologiques menées sur l’exposition des travailleurs ont montré que les employés travaillant dans des environnements très bruyants ont un risque plus élevé d’avoir de l’hypertension et un infarctus du myocarde. » [Observatoire du bruit]
Sur la santé mentale
« Différentes études menées autour de l’aéroport de Schiphol au Pays-Bas suggèrent que le bruit influerait sur le développement ou la révélation de troubles mentaux. Le bruit est par ailleurs considéré comme la nuisance principale chez les personnes présentant un état anxiodépressif. La présence de ce facteur joue un rôle déterminant dans l’évolution et le risque d’aggravation du syndrome. »
De multiples études ont révélé une élévation du nombre de consultations, d’hospitalisations psychiatriques et une augmentation de la consommation de médicaments à visée neuropsychiatrique parmi les riverains d’aéroports. « Des chercheurs estiment que le bruit n’est probablement pas associé à l’existence de troubles mentaux marqués chez l’enfant, mais que celui-ci peut toutefois affecter son bien-être, contribuer à l’état de stress chez celui-ci et entraîner des niveaux plus élevés de détresse psychique. » [Observatoire du bruit]
Recommandations
L’OMS évalue à 50 %, la proportion des cas de déficit auditif qui pourraient être évités à l’aide de mesures de santé publique.
« Certaines stratégies de prévention portent sur les habitudes de vie individuelles, telles que l’exposition à des volumes sonores élevés et à la musique ou le port d’équipement de protection comme des bouchons d’oreilles. » [OMS]
Plan programme
Plan National Santé Environnement 3 – ministère de la santé (2015)
Avis et recommandations
Prévention des risques liés au bruit – ministère de la Santé (mars 2020)
Publications
Bruit et santé – Centre d’Information et de Documentation sur le Bruit (2013)
Surdité et déficit auditif, principaux repères – Organisation Mondiale de la Santé (2021)
Rapport mondial sur l’audition – Organisation Mondiale de la Santé (mars 2021)
Bruit – Agence Régionale de la Santé de Guyane (janvier 2017)
Cartes de bruit stratégiques – Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) Guyane (mai 2017)
Bruit, nuisances sonores et pollution sonore – ministère de l’écologie (janvier 2021)
La perception des effets du bruit sur la santé – Observatoire du bruit en Ile-de-France (2016)
Effets sur l’audition – Observatoire du bruit en Ile-de-France
Effets extra-auditifs – Observatoire du bruit en Ile-de-France
Troubles de l’audition / Surdités, comment préserver et restaurer notre ouïe – INSERM (aout 2017)
Le bruit, un facteur qui renforce les inégalités sociales – Observatoire du bruit en Ile-de-France
Autres ressources
Centre d’Information et de Documentation sur le Bruit